S’il était venu cinq minutes plus tôt à son rendez-vous, sa vie aurait changé. Par ce postulat de base, et ce coup dramatique du destin, Benoit Jacquot réalise un thriller romantique en repensant les bases du triangle amoureux. Les accents graves de sa narration composent une mélodie tristement fataliste. La vue d’un briquet ou le son d’une voix suffisent à faire basculer notre existence de l’autre côté.
Si le réalisateur a choisi Benoit Poelvoorde pour le rôle central, ce n’est pas pour sa beauté, mais pour son charme miraculeux ayant la capacité de faire craquer les plus belles femmes du monde. Parfaitement dirigés, ces trois acteurs deviennent alors les marionnettes d’un maître ayant tout anticipé. L’étau se referme progressivement sur Mastroïanni et Gainsbourg, accomplissant avec leur rôle deux portraits féminins déchirants, mais resplendissants.
Si certaines scènes paraissent longues et inutiles à première vue, elles permettent finalement au puzzle de se mettre en place, pièce après pièce. Les cordes fortes et agressives de la bande son ne font que conforter le caractère passionnant de cette œuvre. Ces trois cœurs font écho à nos propres battements et résonnent en nous comme un tourbillon de peurs, mêlées à un désir inavouable. Après Les Adieux à la Reine, Jacquot réitère l’exploit de créer un classique instantané.
Hugo Harnois.
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