La terrible loi du « mort-kilomètre ». Plus un crime est à proximité de notre quotidien, plus le public est effrayé. Plus la population est angoissée, plus l’audimat à la télévision sera élevé. C’est avec ce postulat de départ que Night Call va se construire comme un thriller aux ficelles redoutables. Voleur à la petite semaine, Lou va finalement trouver sa voie : chasseur d’images chocs pour les revendre à des chaînes d’information.
Le cinéma et Los Angeles créent des anti-héros irrésistibles. Samuel L. Jackson (Pulp Fiction), Tom Cruise (Collateral), Ryan Gosling (Drive), tous ont un charisme fou à revendre. Alors que ces personnages ne se ressemblent pas, ils ont pourtant ce grain de folie et cette singularité qui ne peuvent exister que dans la Cité des Anges. Froids, sûrs d’eux et presque déshumanisés, ce sont des protagonistes purement cinématographiques que seuls les grands acteurs savent jouer. Jake Gylenhaal en fait définitivement partie, en renouvelant son jeu de fond en comble avec une composition habitée.
Ces temps-ci, le journaliste n’a pas la cote et la plupart des gens ne lui fait pas confiance. Et ce n’est certainement pas ce genre de chaîne info montrée dans Night Call qui redressera leur popularité. Il est jouissif de voir Lou foncer dans les rues d’une ville aux accents illusoires pour chercher le moindre scoop, et cela à n’importe quel prix. À la fois déroutant et fascinant, cette œuvre s’enfonce dans l’âme humaine en la scrutant dans tout ce qu’elle a de plus violente. Tout ce qu’elle a de plus géniale.
Hugo Harnois.
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