Cet hymne au cinéma et à sa puissance artistique fait tout simplement l’effet d’une claque salvatrice. Car l’idée de départ faisait peur : mettre une caméra dans une voiture et se faire passer pour un chauffeur de taxi. Mais c’était sans compter sur le talent de Monsieur Jafar Panahi, Caméra d’or pour Le ballon blanc ou Pris du Jury pour Sang et or.
Taxi Téhéran repousse les limites du Septième Art en le redéfinissant grâce à une inventivité sans pareil. Grâce à une mise en scène inspirée et efficace, ce documenteur joue constamment avec la vérité et installe un véritable jeu entre le cinéaste et son public. Mêlant la réalité (de nombreux acteurs jouent leurs propres rôles) à la fiction, le cinéaste fait un portrait dénonciateur et pertinent de l’Iran, sans oublier d’ajouter beaucoup d’humour à son œuvre. Tous ces personnages apportent une touche humaniste à la narration et apportent une réflexion (sur la loi, la religion ou l’art) à ce film remarquable.
Ce récit est d’autant plus fort lorsque l’on connait l’histoire personnelle du réalisateur. Depuis 2010, il est interdit de tourner des films. Mais cela ne l’a pas empêché de poursuivre son art et de s’épanouir dans sa vocation d’auteur. Après Ceci n’est pas un film et Pardé, il parvient encore à échapper aux autorités et témoigne de l’amour qu’il porte à son pays. Cela en dépit de la censure, de l’hypocrisie et de valeurs parfois régressives. L’accomplissement d’un petit miracle et la réalisation d’un très grand film.
Hugo Harnois.
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