Mystérieuse et hypnotique, PJ Harvey fascine et pour cause. Pour la création de son nouvel album, The Hope Six Demolition Project, la britannique a embarqué avec le photographe Seamus Murphy dans les zones embrasées du Kosovo, d’Afghanistan jusqu’aux quartiers de Washington D.C ravagés par l’extrême pauvreté et la violence.
« Réunir des informations de seconde main me paraissait trop éloigné de ce que j’essayais d’écrire. J’avais besoin de sentir l’air, la terre et rencontrer la population des pays qui me fascinaient« , confie-t-elle.
On pense bien sûr à Patti Smith, mais aussi aux films engagés de réalisateurs britanniques comme Mike Leigh ou Ken Loach. Polly Jean Harvey a puisé dans ces voyages la matière d’un album foisonnant, puissant et immersif. Enregistré à Londres sous le regard de quelques chanceux, The Hope Six Demolition Projet est l’œuvre sous tension d’une furie rock.
The Hope Six Demolition Project est un carnet de voyage des rencontres avec les populations soumises au chaos que l’on préfèrerait ne pas voir mais que PJ Harvey souhaitait approcher frontalement. Sa démarche s’apparente à celle d’une reporter de guerre, observatrice et narratrice. L’artiste britannique ne donne jamais d’interview. C’est donc John Parish et Flood, complices de longue date et producteurs, qui racontent. La présence invisible d’un public assistant aux sessions d’enregistrement, c’est peut-être une façon pour PJ Harvey de se laisser observer à son tour, de rendre une partie de ce qu’elle a reçue en offrant ce qu’elle a de plus précieux : la mise au monde de ses chansons.
Pour cet album, PJ Harvey s’est encore très bien entourée : du saxophoniste de jazz Mike Smith, du percussionniste reggae Kendrick Rowe, des multi-instrumentistes latins Enrico Gabrielli et Alessandro Stefana ou encore du Chilien Alain Johannes de Queens of The Stone Age.
A l’image de « The Wheel », le premier single qui fonce tous saxophones dehors comme pour rappeler les ambulances humanitaires du Kosovo, The Hope Six Demolition Project est à vous couper le souffle. Non sans nous rappeler la puissance de Let England Shake, que nous écoutions déjà en boucle lors de sa sortie, le nouvel opus de PJ Harvey nous fait le même effet mais au centuple : un véritable ouragan.