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A l’image de Miles Davis qui voyageait constamment dans de nouvelles directions et qui n’avait jamais peur d’innover, Robert Glasper ne s’est pas contenté de reprendre des standards, non. « Je vis dans l’état d’esprit de Miles quand je fais ce que je fais, car je garde une trace de mon époque, de ce qui est autour de moi, de qui je suis et d’où en est la musique », précise Robert Glasper. « C’est le but de ce projet. Je voulais faire quelque chose qui reprenne les idées de Miles Davis, qui les remuent, et qui montre son influence tout en créant quelque chose de nouveau. C’est ce qui fait la beauté de cet album. Le projet est basé sur Miles, mais aussi sur sa vision. Il est basé sur sa trompette, sur sa voix. Il est basé sur sa composition, sur son influence. Il est basé sur son style ».
Si Miles Davis n’avait pas qu’un seul public, le pianiste de jazz invite des artistes de tous horizons tels Bilal, le quatuor australien de néo-soulHiatus Kaiyote, les rappeurs Phonte et Illa J, le guitariste John Scofield qui faisait lui-même partie du groupe de Miles Davis, Mrs. Erykah Badu et le légendaire Stevie Wonder pour cet album hommage aux compositions du trompettiste datant de sa période Columbia (1955 – 1985).
En réunissant ainsi le R&B, la soul et le hip-hop, le Glasper producteur se veut fidèle à sa manière de travailler depuis « In my Element » en 2007 mais aussi à l’approche fusionnelle du trompettiste avec des prises, des riffs et des samples inédits sur cet album.
Et Robert Glasper s’amuse à brouiller les pistes comme sur « Violets », où Phonte Coleman rappe sur la partie de piano de Bill Evans de « Blue in Green ». Comme sur « Ghetto Walkin’ » basé sur « The Ghetto Walk ». Ou comme sur « Silence is the way » basé sur l’original « In a Silent Way » de Miles Davis en 1969.
Cette année est définitivement celle de Miles Davis, puisque le pianiste est également aux manettes de la BO du biopic signé Don Cheadle, intitulé Miles Ahead, sur les cinq années silencieuses de Davis. Le film se situe à un moment difficile de la carrière de Miles Davis, à la fin des années 70, quand l’artiste s’était totalement éclipsé du monde de la musique. Un film dont on attend encore la sortie dans les salles françaises …
Everything’s Beautiful confirme tout le talent de Robert Glasper dans l’art de sampler en finesse mais surtout de créer du nouveau. Avec ce projet, il invoque l’esprit de Miles Davis qui passe certainement un bon moment depuis son bout de nuage.