Un documentaire est une matière vivante. Il se construit progressivement, au jour le jour. Les sources recueillies permettent de le faire grandir et évoluer. Ici, passé et présent valsent dans une danse macabre où l’horreur est invisible, mais bien réelle. Journaliste grand reporter, Sabrina Van Tassel collecte les témoignages avec une pertinence absolue. Du déporté au gardien de camp en passant par le maire de la ville, La Cité Muette multiplie les angles d’approche afin de rendre son propos le plus exhaustif, et juste possible.
Car qui n’est pas tenter de faire des amalgames en ce qui concerne la Seconde Guerre Mondiale ? La réalisatrice s’en préserve et préfère s’interroger plutôt qu’affirmer. En donnant la parole à d’anciens internés mais aussi des habitants actuels du HLM, elle tente de comprendre les motivations de chaque individu. Avec La Cité Muette, elle plonge dans une page de l’Histoire française méconnue, et révoltante. Mais le traitement humaniste qu’elle fait de ce long-métrage en fait un objet cinématographique passionnant.
Hugo Harnois.
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