Setenta, we like it like that

Grandement influencés par le son Nu Yorican (le son latino de New York), les meilleurs représentants du Latin Soul à la française SETENTA viennent de sortir leur 4ème album en novembre dernier “We latin Like That”. Un album qui est la suite logique des trois précédents, et de la collaboration sur scène ces dernières années avec le légendaire Joe Bataan. Latin Soul comme leitmotiv, cet album compte huit titres qui oscillent entre musiques caribéennes, afro-latines dans un esprit funky à la new-yorkaise (ou à la parisienne), et est sorti (tout comme le précédent album « Paris to Nueva York ») sur le label LATIN BIG NOTE. Rencontre avec Osman Jr, lead vocal, percussioniste et fondateur du groupe il y a plus de 10 ans maintenant, pour parler de ce nouvel album mais aussi (re)découvrir les quatre albums du groupe.

Parle-moi de la genèse de Setenta, et pourquoi ce nom ?
Setenta est en référence à la décade d’où Setenta tire ses influences, les années 70. Et aussi, parce qu’au-delà d’être un chiffre, c’est un mot qui sonne, avec de la tonique, de la dynamique, c’est aussi un multiple du nombre de musiciens que compte la formation, Setenta est un septet, et on essaie de faire en sorte que ce soit devenu un nom propre.

Mais la “setenta” est aussi un pas de danse en salsa…
Oui, effectivement, c’est quelque chose qui nous a d’ailleurs échappé… Il n’y a pas de danseur chez Setenta, même si on danse spontanément sur scène en danse libre… il n’y a aucune référence à la passe de salsa cubaine, mais le hasard fait que ça peut interpeler de potentiels amateurs de cette musique…

LBN105_front_1440x1440believeVous venez de sortir votre quatrième album “We latin like that”, en référence ou hommage à Pete Rodriguez ?
C’est un clin d’oeil avec les influences latin soul qu’on peut avoir et puis bien sûr l’affiliation avec Pete Rodriguez, que j’ai eu le plaisir de rencontrer à New York lors du concert du revival latin soul, ainsi qu’un grand nombre d’artistes qui ont fait naitre le boogaloo, et que Joe Bataan m’a présentés… Mais c’est aussi un clin d’oeil à un documentaire de Mathew Ramirez Suarez, qui est un réalisateur d’origine colombienne qui était basé à New York pendant un moment, et qui est je crois à Vancouver maintenant, et qui a réalisé le documentaire “We like it like that” ; donc après “I like it like that” de Pete Rodriguez”, “We like it like that” le documentaire de Mathew Ramirez, Setenta a décidé de reprendre le mot, le gimmick en titrant l’album “We Latin Like That”, pour dire qu’il y a plusieurs façons de jouer la musique latine, en la métissant avec toutes les influences nord-américaines, sud-américaines et caribéennes, puisque Setenta compte des carribéens en son sein.

Qu’est-ce qui change dans ce nouvel album par rapport aux trois d’avant ? Qu’est-ce qui est novateur, qu’est-ce que vous avez travaillé différemment ?
C’est toujours le même ADN, c’est une orchestration qui reste celle de Setenta, il n’y a pas de soufflant notamment, et quand je dis ça c’est simplement pour illustrer le fait qu’on met en avant les voix, beaucoup d’arrangements sont faits autour des voix, et peut-être que sur cet album il y a un focus là-dessus. Il y a un travail en studio qui a été fait sur ce plan-là, et il y a une production un peu plus poussée, on a peut-être monté une petite marche en terme de production ; le côté novateur c’est peut-être un morceau qui s’appelle “Neg’cimarron” qui fait le pont entre ce qui peut se faire historiquement à Puerto Rico dans la région de Loiza, qui est la capitale la ‘bomba plena’ à Puerto Rico qui présente des similitudes avec ce qui se fait dans les Antilles françaises et notamment le bèlè martiniquais ou le gwo-ka guadeloupéen ; donc “Neg’cimmaron” fait un pont entre ces deux sources sachant que dans le répertoire porto-ricain, quand on écoute bien, il y a quelques expressions qui sont teintées de créole francophone. Sur ce morceau-là Setenta fait un clin d’oeil à cette ‘cousinade’… et puis il y a un son qui est un peu plus électro, qui contrebalance avec le côté roots de la genèse de ce morceau.

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Au niveau du chant, et des paroles ?
Dans cet album il y a Tchoubine Colin qui interprète deux morceaux, “Confused” un titre en anglais, et un titre en espagnol “Como rinkin” qui est un bon cha-cha-cha un peu old school ; et Fabien « Pakin » Hily qui a l’habitude de mettre en avant tous les morceaux chantés en yoruba ; donc là on fait une interprétation du “Rezo a Obatalá – Baba Fururu”, un morceau déjà repris et revisité par beaucoup de personnes, Mongo Santamaria l’a fait en son temps, Robert Glasper l’a fait, et on en fait une interprétation bien à nous, « Afro-Blue Obatala« . Il y a toujours eu du yoruba dans les albums de Setenta, ça avait commencé avec “Sonrisa” sur le premier album, on a eu “Nuevayorquino” sur le deuxième album “Latin Piece of soul« , sur le troisième on a fait un petit clin d’oeil à Shangó avec “Danza Chango” et sur celui-ci c’est “Afro Blue Obatalá”. Et puis on a eu un gros soutien vocal de la part de notre guitariste Laurent Guillet, une personne talentueuse qui a eu une grosse participation à la réalisation de cet album, au sens large mais aussi sur les voix, puisqu’il fait des choeurs sur presque tous les morceaux. Dans cette formation, tout le monde chante en fait, on a même un batteur , Mathieu Edouard, qui a une carrière parallèle de vocaliste dans un autre registre.

Je te propose de nous faire découvrir les quatre albums de Setenta ; pour chacun d’eux, cite-moi le morceau le plus important ou qui te plait le plus.
funky tumbaoJ’accepte le challenge, mais c’est un gros challenge, et je vais devoir tricher un tout petit peu….
Alors le premier album c’est “Funky Tumbao” sorti sur le label Hot Casa de Julien Lebrun qu’on remercie au passage, je choisis le titre éponyme, “Funky Tumbao”, c’était notre premier titre, notre galop d’essai, et c’est peut-être aujourd’hui notre titre qui est le plus connu des deux côtés de l’Atlantique, on a été bien aidés par les DJ… C’est un titre qui raconte ce qu’on est, tout simplement. L’histoire, quand on prête attention aux paroles, unit toutes les composantes du groupe, et avec la spontanéité avec lequel ce titre est né, au lendemain d’un premier gig dans un club qui s’appelait “Le Babalou” à l’époque, une cave parisienne, où on a rencontré le DJ/producteur Julien Lebrun qui nous a proposé d’enregistrer ce titre.

Je triche un petit peu avec “Tcha Soul” du même album, parce qu’il est tombé dans les oreilles dans les oreilles d’un distributeur américain spécialisé en Hip-Hop, Fatbeats, c’est peut-être grâce à ce morceau, et à Funky Tumbao, qu’on a pu réaliser ensuite notre premier album.

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Sur le deuxième album ‘Latin Piece of soul”, il faut reconnaitre, même si Setenta n’a pas beaucoup de reprise dans son répertoire, puisqu’on a 90% de musique originale, le cover de Nirvana “Smells like Teen Spirit” qui a bien plu et qui a bien voyagé ; ce n’est pas celui sur lequel on communique le plus, mais il faut reconnaître qu’il nous aide à voyager.

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Sur le troisième album, je vais tricher rapidement aussi en parlant d’abord du titre qu’on a fait avec Joe Bataan “My rainbow”, un titre qui n’est pas forcément là où on nous attendait, c’est peut-être osé de faire un boléro aujourd’hui, une balade soul, et j’ai trouvé ça sympathique de proposer ça à Joe Bataan qui a accepté illico de poser sur ce titre en faisant d’ailleurs un hommage à une ancienne écriture “My cloud” qu’il a transposé sur la musique de Setenta.

Et puis “Madame Shingaling” qui passe sur les ondes françaises de manière régulière et qui est le seul morceau en français, hormis le créole que Setenta utilise de temps à autre dans ses albums. “Madame Shingaling” c’est un boogaloo bien frenchie et on assume, parce qu’on voyage sans éclipser le fait que c’est une formation basée à Paris, avec des musiciens caribéens mais aussi d’origine iranienne, bretonne, parisienne aussi…

Sur le nouvel album je vais parler du premier single “Time to love” qui incarne ce que Setenta propose en terme de fusion entre latin et funk, très simplement.

 

Le nouvel album de Setenta est en écoute sur Radio Ellebore….

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